Chez Bichat

Tout à commencé en 2006, avec une jument seule dans un grand pré de 2,5 ha, avec abri et eau. À la bonne saison, le pré était parcelé pour lui limiter la consommation d’herbe. En hiver, elle avait la possibilité d’utiliser toute la prairie. Régulièrement 1 ou 2 chevaux en travail la rejoignaient, ils qui étaient hébergés dans les mêmes conditions.

Quand on regarde le budget temps d’un cheval dans des conditions de vie naturelles (le temps qu’il passe à faire telle ou telle action en 24h) :

  • * Pâturage: se nourrir occupe de 50 à 60 % du temps, il mange 12 à 16 heures par jour, tient compte aussi de la prise de boisson et le déplacement pendant le broutage.
  • * Récupération : 20 à 30% du temps de repos debout ou couché.
  • * Vigilance : le cheval consacre 4 à 8% de son temps à surveiller son environnement.
  • * Rapport sociaux = grooming et jeux (de 10 à 15 % du temps)
  • * Déplacement : (de 5 à 10 % du temps), 10 à 30 Km/j au pas. Un cheval vivant en boxe parcourt 500 m/j, en paddock 2Km/j et au pré 8km/j.
  • * Ce budget temps varie en fonction du sexe, de la période de reproduction, de la saison , de l’âge, du climat…

On s’aperçoit qu’offrir un grand espace d’herbe et un point d’eau comme hébergement à un cheval, ce n’est pas suffisant.

Les problèmes rencontrés :

  • * Soit espace (donc déplacement) ET nourriture (car l’herbe couvre le sol) et donc cheval énooorme, soit diète et vie sur un mouchoir de poche.
  • * Problème de boue en hiver, surtout pour le confort humain, mais aussi problème d’apparition de la gale de boue.
  • * Pour adapter les besoins de nourriture de chaque cheval : obligation de les séparer.
  • * La distribution de foin, distribué une fois par jour, est consommée en une heure (et demande beaucoup de manutention surtout en plusieurs fractions). En hiver les chevaux passent donc une grande partie de la journée sans manger.

C’est cette réflexion qui nous a conduit aux écuries actives. Nous avons eu l’occasion de visiter une écurie active en Allemagne et avons été séduits.

Le principe des écuries actives permet d’avoir plus d'un cheval/ha, sans créer un champ de boue, et de leur offrir ainsi les contact sociaux dont ils ont besoin, ils sont « autonomes », ils ont des déplacements à faire pour la recherche de nourriture, nous ne sommes plus qu’un "distributeur de nourriture".

Par contre cette méthode n'est pas possible pour 7 chevaux, du fait des investissements financiers d’une écurie active (dac, distributeur à foin, revêtement de sol..)

Un bon compromis nous a semblé être le Paddock Paradise








Depuis juin 2008, 7 équins y vivent en toute saison.

Deux zones de nourrissage sont réparties, c’est-à-dire un espace d’un diamètre de 20m environ, avec un empierrement où est disposé un râtelier muni d’un filet à foin. C’est ainsi que le foin leur est distribué ainsi que la paille ou le préfané. Ces 2 zones sont éloignés l’une de l’autre.

Il y a également 2 abreuvoirs éloignés des points d’attraits précédents.

Une zone abri constitué d’un espace empierré avec un abri (nous comptons l'agrandir prochainement, car il ne permet qu’à 5 chevaux de s’y abriter)

Deux zones sont plus larges, avec un énorme tilleul (comme abri, grattoire et apport de branches et feuilles à grignoter), nous y avons aussi placé le sel.

Pour circuler entre ces différents espaces, un circuit de type « paddock-paradise » est installé sur le pourtour de tout le pré (soit environ 2,5 ha). Le « chemin » délimité le long des clôtures fait environ 8 m de large, les clôtures sont en fils électriques.

Chaque jour ils ont accès à des bouts de pré, des tournante dans les parcelles pâturées sont effectuées. Leur accès est limité suivant la saison et les besoins de chacun (leur état d’embonpoint, l’âge, le travail…).

Cela varie de 1 à 3 heures au printemps et en été et jusqu’à 1/2j à ‘en permanence’ en automne et hiver. En été la grande parcelle est bloquée pour faire du foin.

Comme pour l’accès à l’herbe, nous régularisons parfois l’accès aux râteliers, aux entre - saisons par exemple, quand un petit complément est nécessaire.

En hiver, 2 gros ballots de foin sont nécessaire par semaine, en automne un seul par 15 jours.

Tous les matins, il faut nettoyer le paddock des crottins, surtout les zones autour des râteliers. Nous ramassons environ de 1 à 4 brouettes, suivant le temps de pâturage (ils crottinent alors dans les prés, où nous effectuons un débousage).

C’est indispensable, car la partie 'paddock' est tondue par les chevaux en permanence comme une moquette rase sur toute la surface (il n'y a plus de refus), et si on n'enlève pas les crottins, ils mangent dedans et la gestion du parasitisme devient difficile.

Le résultat :

Il est très satisfaisant. Nous avons d’abord fonctionné depuis mars 2008 en mode «brouillon» avec des essais de circuit : de largeur différente, différent type de clôture, ... avant de finaliser les clôture et établir le chemin sur la totalité de la parcelle. Nous apportons des améliorations au fur et à mesure, par exemple, cette année, nous avons ajouté une zone d’empierrement en ballast, agrandi la zone autour de l’abri, agrandi l’abri en lui-même, empierré l’entrée de la prairie d’hiver. L’année prochaine nous avons le projet de délimiter une 2ème zone fumier, et les chevaux nous montreront ce qu’il manque.

Reprenons un extrait de « poulain à venir, poulain en devenir », à la page 25, marthe Kiley-Wortingthon classait les besoins des chevaux en 4 catégories :

Besoins Physiques

  • 1. Accès à une alimentation riche en fibres sur les 24 heures.
  • 2. Possibilité de se déplacer constamment et de marcher 30km chaque jour.
  • 3. Accès à l'eau
  • 4. Soins et traitement de la maladie physique et soulagement de la douleur.
  • 5. Avoir un abri à disposition

Besoins Sociaux

  • 1. Être capable de se mélanger librement à d'autres chevaux et d'apprendre "l'étiquette équidé" au moins pour une partie du temps.
  • 2. La mère dominante aide la mére génétique à sevrer son propre poulain.
  • 3. Avoir accès à l'acte sexuel et en particulier avoir la possibilité de se faire la cour.

Besoins Emotionnels

  • 1. Ne pas sentir de douleur lorsqu'elle peut être empêchée.
  • 2. Ne pas témoigner d'un comportement affligé.
  • 3. Etre capable d'expérimenter et d'exprimer une variété d'émotions, y compris la joie, le plaisir, l'affection, l'agression, la crainte. Ne pas vivre dans un état constant d'émotions négatives (ennui ou crainte).

Besoins Cognitifs

  • 1. Vivre dans un environnement où le cheval est capable d'acquérir toutes les informations écologiques et sociales nécessaires.
  • 2. Etre dans la possibilité d'exercer des choix et de prendre des décisions.
  • 3. Avoir des problèmes à résoudre et apprendre à les résoudre par des actions motivées, volontaires
  • 4. Avoir l'occasion de développer des habilités (compétences) mentales.